Cette exposition propose d’explorer, par différentes approches, l’histoire du singe en Occident à travers une sélection de plus de deux cents oeuvres puisées dans les collections des établissements de la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie (musée des Beaux-Arts, musée de la Céramique, musée de la Ferronnerie Le Secq des Tournelles, Fabrique des savoirs, muséum d’Histoire naturelle et le musée des Antiquités), complétée par divers prêts provenant de collections privées et d’institutions partenaires.
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On constate, dès la Renaissance, la présence de singes dans les cours royales d’Europe. Animal d’apparat, il intègre peu à peu les foyers français les plus aisés au XVIIe siècle et les annonces d’adoption (ou de disparition) fleurissent au siècle suivant. Le singe devient objet de curiosité pour les naturalistes qui étudient à la fois son anatomie et son comportement. Cette fortune est concomitante au développement du goût pour l’exotisme. Dans l’art, si le singe était au Moyen Âge un symbole du péché de chair, il devient par la suite, notamment grâce à la littérature (les Fables de La Fontaine), un animal curieux, rusé, voire même sage, tout en étant un parfait (quoique saugrenu) imitateur de l’homme. Les artistes s’empressent alors non seulement de l’étudier et de le représenter parmi les animaux domestiques, mais aussi d’en faire le reflet caricatural de l’humanité. S’il est alors inconvenant de représenter les pires travers de l’homme en le mettant en scène dans des situations grotesques, les artistes contournent les interdits en remplaçant les individus par des singes. La singerie était née, et ce dès le XVIIe siècle sous les pinceaux de David II Teniers et ses tabagies. Que ce soit en peinture ou dans le domaine des arts décoratifs, c’est au XVIIIe siècle que le motif simiesque connaît son heure de gloire, avec des artistes comme Christophe II Huet. Au siècle suivant, si l’on retrouve bien quelques productions peintes comme celles d’Antoine Vollon, c’est surtout dans la presse satirique que la singerie trouve un moyen de diffusion (Le Charivari, La Caricature, etc.). Parallèlement, la littérature s’empare de l’animal pour le placer au centre d’intrigues. De l’ami fidèle dans Sans famille (Hector Malot) à la cellule familiale dans les Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul (Albert Robida), dont Tarzan tire son origine, la littérature fait aussi naître le singe abominable, voire monstrueux : Edgar Allan Poe fait d’un orang-outan le meurtrier de son Double assassinat dans la rue Morgue. On constate dès lors, sans doute en raison de leur proximité anatomique avec l’homme, que les grands singes constituent une menace dans l’imaginaire collectif. La sculpture d’Emmanuel Frémiet présentée au Salon de la Société des artistes français en 1887, un Gorille enlevant une femme, va inspirer, en 1933, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack pour leur film King Kong. Quelques années plus tard est publié en France Le Singe pèlerin ou Le Pèlerinage d’Occident de Wu Cheng’en, grande épopée chinoise du XVIe siècle mettant en scène un singe devenu roi. Ces deux références vont marquer toute la production du XXe siècle. De l’art populaire à la pop culture, le singe fait son apparition – souvent grandiose – dans tous les domaines, que ce soit dans la publicité, la mode, le divertissement, la bande dessinée, le manga, le cinéma ou encore le jeu vidéo.
Le singe, objet de curiosité
L’intérêt pour les animaux imitateurs (singes, perroquets, etc.) et exotiques ne fait que grandir au XVIIe siècle. L’image du singe, autrefois associée à celle du diable, change pour devenir celle de l’animal rusé, instable et vif. Les artistes en font un sujet de choix, l’employant régulièrement non seulement pour évoquer un certain exotisme, mais aussi comme un signe distinctif de richesse de ses propriétaires. De son étude (à travers des dessins montrant ses proportions par exemple) à son adoption comme animal de compagnie par certaines classes de la société, cette section confrontera arts graphiques, tableaux, sculptures et taxidermies.
La singerie, reflet des travers de l’homme
Consacrée à la singerie, oeuvre satirique par excellence aux XVIIe et XVIIIe siècles, cette section regroupera une sélection de dessins, estampes et peintures qui viendront illustrer l’ampleur du phénomène et sa variété. Le succès de ces scènes fut tel que certains artistes se spécialisèrent dans le domaine et ne consacrèrent leur carrière qu’à la représentation de singes dans des attitudes humaines. Les assemblées intellectuelles étaient évidemment des cibles de choix pour des artistes comme Alexis Peyrotte ou Gabriel de Saint-Aubin, qui se plurent à représenter sous forme simiesque la haute bourgeoisie et l’aristocratie. Le thème du singe peintre, critique de l’artiste sans talent ne sachant qu’imiter ses confrères, fut un poncif de la singerie, des exemples existant encore jusqu’à la fin du XIXe siècle, notamment avec l’apparition et le développement de la presse satirique.
Le singe comme motif d’ornement
L’expansion du motif du singe dans le décor est considérable à partir de la fin du XVIIe siècle. Cette section sera l’occasion de présenter des objets de différentes typologies, provenant notamment des musées de la Ferronnerie Le Secq des Tournelles et de la Céramique de Rouen. Les décors conçus par Bérain, reprenant le modèle antique des grotesques, furent précurseurs dans l’intégration du singe comme motif ornemental. Anecdotique tout d’abord, le singe devient, au fil du XVIIIe siècle, le sujet central de certains décors, et notamment dans le domaine de la céramique, reflet du goût de l’époque pour l’exotisme et un Orient rêvé. La diffusion d’estampes d’après les oeuvres de David II Teniers, Christophe II Huet ou encore son neveu Jean-Baptiste Huet contribua largement à la « folie du singe » qui s’empara de la production artistique de l’époque.
Un air de famille
Le mot singe est un terme générique désignant l’ensemble des mammifères primates anthropoïdes, quadrupèdes ou bipèdes, comprenant notamment les Platyrhiniens et les Catarhiniens. Cette section visera à définir les caractéristiques physiques et comportementales d’espèces représentatives de la famille des primates. À travers la présentation de quelques espèces aujourd’hui rares, cette section sensibilisera le public quant à la préservation de la biodiversité. Elle sera également l’occasion d’aborder les similitudes anatomiques et comportementales hommes/singes, et de démontrer que contrairement à ce que l’expression sous-entend, l’homme ne descend pas du singe, mais d’un ancêtre commun dont les caractéristiques sont encore mal cernées.
Le singe, héros et antihéros de la littérature
En France, l’image du singe change au XVIIe siècle, non seulement avec l’importation de spécimens, mais également grâce à la littérature. Les Fables de La Fontaine contribuent largement à la nouvelle vision que l’on en retient : le sagace, le rusé, le gailuron, et même le sage. De Joli-Coeur, le fidèle ami de Rémi dans Sans famille, au sombre meurtrier frénétique du Double assassinat de la rue Morgue d’Edgar Allan Poe, le XIXe siècle voit naître le singe monstrueux, effrayant. Certaines espèces de grands singes sont alors associées à une image d’animal dangereux et menaçant qui, dorénavant, va prendre le relais dans l’imaginaire collectif. Cette section permettra également d’évoquer le succès du singe dans la production extraeuropéenne, et plus particulièrement asiatique, en abordant Les Pérégrinations vers l’Ouest, ou le mythe du Roi singe.
Une icône moderne
En 1933, la sortie du film King Kong marque les esprits. Les grands singes deviennent les protagonistes d’oeuvres de fiction comme La Planète des singes. Parallèlement, Les Pérégrinations vers l’Ouest font référence pour toute une partie de la production populaire. C’est Akira Toriyama, dans son manga Dragon Ball publié de 1984 à 1995, qui cristallise le mieux ces deux influences : son histoire met en scène les aventures initiatiques d’un jeune garçon doté d’une queue de singe, basées sur celles des Pérégrinations (les protagonistes, son bâton magique, son nuage volant, etc.), et dont la transformation en gorille géant tire son origine de King Kong. La bande dessinée ou le jeu vidéo ne sont pas en reste, tout comme la publicité et l’industrie du jouet qui mettent en avant, de leur côté, des singes attendrissants, réconfortants (tel que Kiki) ou espiègles.
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- Tarzan, 1999
- Le château des singes, 1999
- Madagascar, 2005
- Georges le petit curieux, 2006
- Kung fu panda, 2011
- Rio, 2011
- Tous en scène, 2016
Films
- Mon ami Joe, 1998
- Hanuman, 1998
- Les chimpanzés de l’espace, 2008
Documentaire
- Chimpanzés, Disneynature, 2012
Un peu de lecture …
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- Le singe et le crocodile de Catherine Zarcate (Edition Père Castor)
- Les sciences naturelles de Tatsu Nagata : le gorille (Seuil Jeunesse)
- Le singe, de Davide Cali (Rue du monde)
- Hanuman, super singe de Leoszewski Fabrice et Massenot Véronique (Elan vert)
- Dian Fossey – Collection Petite & Grande d’Alessandra de Cristofaro (Kimane Editions)
- La petite fille aux singes. L'enfance incroyable de Jane Goodall, de Patrick Mc Donnell (La Martinière Jeunesse)
- Sur les traces des grands singes avec Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas de Jim Ottaviani (École des Loisirs)
- Découvre les grands singes avec Amandine Renaud de Cindy Chapelle (Plume de carotte / Broché)
- Singes d’Owen Davey (Gallimard Jeunesse)